Depuis leur plus jeune âge, j’ai à coeur de faire comprendre à mes filles qu’elles seules peuvent disposer de leurs corps comme bon leur semble. Message qui n’est pas toujours aisé à faire passer, surtout auprès de la famille, qui ne voit pas le mal qu’il y a à les embrasser à maintes et maintes reprises, même lorsqu’elles montrent fermement leur agacement et désaccord.

Alors bien sur, de la part des (très) proches, on peut se dire que ce n’est pas SI grave, qu’il n’y a là que de l’amour, pas de l’abus. Mais à partir de quand estime-t-on qu’on abuse alors ?

Pour ma part, je considère que lorsqu’une de mes filles dit « non » ; « ayette » (= arrête) ou « pas babou » (= pas bisou), c’est qu’on a déjà dépassé la limite. SA limite. Cela ne me choque pas qu’un enfant de 2 ans n’ai pas envie de subir les assauts répétés de ses parents, même au cours d’un jeu. C’est quelque chose que j’ai pourtant du mal à faire passer, y compris auprès de Papa Pouce qui a tendance à s’amuser parfois de leur agacement. plus elles essayent de s’échapper et plus c’est drôle. Mais pas toujours pour elles ! Et j’ai moi-même envie parfois de les embrasser jusqu’à les en étouffer (mais je me retiens, quand même !) et c’set toujours frustrant de mettre fin à un câlin (surtout quand ils sont rares à cet âge là !).

Il n’y a bien sur aucun mal derrière tout ça, aucune arrière pensée. Mais je crois qu’il faut bien commencer quelque part.

C’est à nous, parents, de commencer à respecter leur souhait d’arrêter un bisou ou un câlin quand elles estiment qu’elles en ont assez. Et à nous aussi de faire comprendre à notre entourage que non, ce n’est pas grave si elles ne veulent pas faire un bisou pour dire bonjour/aurevoir (tant qu’elles le disent, un bisou n’est pas de la politesse, c’est juste du bonus !) et que non, ce n’est parce que TU as envie de les embrasser qu’elles doivent se laisser faire à tout prix.

Ce n’est pas parce que ce sont des enfants qu’elles doivent tout accepter. Au contraire. Pour les aider à bien grandir, à faire confiance et à se faire confiance, je suis convaincue qu’il faut respecter leur intimité, leurs choix.

Cela me rappelle ce moment où, à l’anniversaire de la fille d’une amie, un petit garçon s’amusait à faire des bisous (sur la tête ou la joue hein !) à ma Doudouce, qui au bout d’un moment n’avait plus l’air de franchement apprécier. Et tout le monde trouvait ça mignon. Et presque drôle que la mienne soit si « farouche ». Il a quand fallu que ce soit moi qui intervienne, pour :

1. expliquer à ce petit garçon que oui, faire des bisous c’est gentil de sa part et mignon mais que si l’autre enfant ne veut pas, qu’il n’a pas à insister.
2. rassurer ma fille en lui disant qu’elle a bien le droit (et raison !) de repousser un autre enfant qui veut l’embrasser si elle a décidé qu’elle n’en avait pas envie.

Le genre de scène un peu surréaliste qui ne serait jamais arrivée si nous avions été là en présence de deux adultes. (Ou alors qui aurait pu mal tourner… vous voyez ce que je veux dire).

Pour autant que je sache, les enfants sont quand même des êtres humains comme les autres. Avec des envies, des désirs, des sentiments. Alors au quotidien, j’essaye de me poser la question : comment je réagirais si c’était un adulte ? Et je me rends compte qu’on cherche à imposer beaucoup trop de choses sans importance aux enfants. Bien plus qu’on n’en exige de nous-même !

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