Je t’entends t’agiter à côté de moi. J’ouvre les yeux. Il est encore tôt et j’ai du mal à émerger. La lumière de l’aube filtre à travers le store. Tu t’éveilles doucement. J’écoute. J’attends. Un cri. Un appel. Comme pour me dire que ça y est, c’est l’heure. Je me lève, encore engourdie de sommeil, et m’approche de ton lit à pas de loup. Je distingue à peine ton visage dans la pénombre mais je sais que tes yeux me sourient. Je te souris à mon tour et te prends dans mes bras. Tu t’agites un peu alors que je t’embrasse. Je sens ta petite tête toute chaude contre ma joue alors que j’enfouis mon nez dans ton cou pour mieux inspirer ton odeur. Je m’approche de notre fauteuil, celui qui me sert à te nourrir et tu t’agites un peu plus, impatiente. Tu sais.
Je t’installe contre mon sein et tu commences à téter. La pluie frappe à la fenêtre, au-dessus de nos têtes. Tes grands yeux curieux observent les jeux d’ombres et de lumière sur les rideaux. J’attrape ta petite main qui, balayant mon cou et ma poitrine, cherche une accroche, me griffant un peu au passage. Tes doigts s’enroulent alors autour des miens. Comme s’ils avaient trouvé ce qu’ils cherchaient. Je me laisse aller aux sons de tes soupirs de contentement. Et, comme tes lèvres à mon sein, le temps me semble suspendu.
Bientôt, le rythme de ta succion ralentit. La pluie s’est arrêtée. Seul ton souffle vient troubler le silence. Chaud et régulier. Tes yeux se ferment et je peux voir le sommeil t’envahir à travers tes paupières pourtant closes. Je te garderai encore un peu contre moi avant de te recoucher, pour profiter encore un instant de la douceur de ces matins qui n’appartiennent qu’à nous.
