Des déconvenues professionnelles, j’en ai déjà connu. Plusieurs. Mais la dernière en date m’a particulièrement marqué. Parce qu’elle est directement liée à ma grossesse.
On m’a tout simplement dit qu’il était « trop risqué » d’embaucher une femme enceinte. Sur le coup, j’étais un peu sonnée, j’ai dit que je comprenais. Mais en fait non, je ne comprends pas comment on peut déclarer ça, en 2019, sans honte aucune. D’autant plus quand il s’agit de travailler pour une association qui prône des valeurs sociétales et sociales.
« Nous avons besoin de quelqu’un d’entièrement disponible durant les 3-4 prochains mois et ne voulons pas prendre de risque avec une femme enceinte. »
A l’époque pourtant, j’étais encore dans mon premier trimestre de grossesse. Mon congé maternité ne devait donc débuter qu’après la fin du CDD proposé. Bref, tout collait ! C’est d’ailleurs pour ça que j’avais osé postuler. Parce que oui, en effet, moi aussi j’avais des a priori sur le fait de rechercher un emploi en étant enceinte. Ou plus précisément sur les réactions négatives des recruteurs. Je savais à quoi je m’exposais, mais j’avais quand même espoir.
Mais aujourd’hui, je ne comprends pas cette réaction. J’essaye de comprendre quels sont les réels risques d’embaucher une femme enceinte ? En fait, je ne vois que des effets positifs. Parfois pervers pourtant : j’imagine ce sentiment désagréable, mais intégré, peut-être même enfoui, de se sentir redevable d’avoir été embauchée « malgré » sa grossesse et donc de redoubler d’efficacité et d’implication. Pour montrer que non, être enceinte n’est pas un frein au travail bien fait. Pour que l’employeur ne regrette pas son choix.
Et puis, j’imagine surtout que, si j’avais du être embauchée dans un organisme qui n’aurait tenu compte que de mes qualités et compétences, plutôt que de mon « état physique », je me serais simplement sentie bien au travail. Entourée de bienveillance. Et surtout reconnue pour ma valeur. Et on sait très bien qu’aujourd’hui, un.e salarié.e qui se sent bien dans son travail est un. salarié.e qui travaille mieux.
Alors, c’est ça les risques pour l’employeur ? Embaucher une salariée, certes enceinte, mais qui finalement, ne vaut pas moins qu’un.e autre ? Qui n’en est peut-être même que plus fiable, motivée, impliquée ?
Alors non, vraiment, quand on me dit qu’embaucher une femme enceinte c’est « trop de risques, » je ne comprends pas.