Chez nous comme chez beaucoup (tous ?) d’enfants, les disputes finissent souvent par le fameux « t’es plus ma soeur ! ». Genre l’insulte suprême chez les enfants d’une même famille. Sauf que j’ai bien l’impression que chez les jumeaux, cette phrase a une toute autre dimension que j’ai encore du mal à appréhender et que j’arrive juste à toucher du doigt.
Lors d’une énième dispute pour un motif plus que ridicule (mes chaussons ont plus de paillettes que les tiens, pour une paire quasi identique…), le ton est monté entre elles, jusqu’à ce que ça finisse en cris, en pleurs et que l’un d’elle lâche le « t’es plus ma soeur ! ». Evidemment, avec PapaPouce, on ne pas laisser passer ces mots là.
Je leur demande donc de m’expliquer l’objet de leur dispute puis décide de trancher puis j’ai rassemblé toute ma pédagogie pour désamorcer le conflit. Pour leur expliquer que les deux chaussons ont des paillettes mais qu’avec la couleur, on pouvait avoir une perception un peu différente. Que ça ne veut pas dire que l’une a raison et que l’autre a tort. Qu’elles ont le droit de ne pas être d’accord. C’est là que l’un d’elle m’a répondu : « mais C. c’est ma soeur…« .
Et j’ai de nouveau dû faire appel à tout ma pédagogie pour leur expliquer que ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas d’accord qu’elles ne sont plus soeurs. Que même des soeurs, même des gens qui s’aiment ont parfois un avis différent. Et que cela ne change rien à leur relation.
Sur le coup, je crois qu’elles ont bien compris car les jours suivant, c’est très décomplexées qu’elles se lançaient l’une à l’autre : je suis pas d’accord ! A voir ce que cela donnera sur la durée…
Au fond, en y réfléchissant bien, c’était à chaque désaccord que la dispute finissait en « t’es plus ma soeur ». Comme si le fait de se « détacher » l’une de l’autre, aussi symboliquement cela soit-il grâce à ces mots, leur permettait de s’assumer chacune de leur côté. De s’individualiser vraiment.