J’avais dit dans un autre billet que je vous raconterais ça un jour, aujourd’hui, je me lance !
Tout a commencé en décembre 2010. Ce mois là a d’ailleurs été particulièrement pourri. Il faisait froid, moche, j’étais déjà tombée plusieurs fois dans les escaliers du métro à cause de la neige et mon chat venait de mourir. Bref, un sale mois de décembre malgré les joies promises des Fêtes de fin d’année.
Dimanche, fin d’après-midi. En rentrant des courses, Chéri me fait remarquer la « grosse boule » que j’ai dans le cou. Ça l’inquiète, moi pas. J’ai pas mal, ça va passer. Il insiste pour que je prenne RDV chez le docteur le lendemain. A part ça, ça fait déjà quelques mois qu’il me parle de bébé. Moi, je ne me sens pas prête. J’ai pas envie.
Lundi matin. RDV chez le médecin donc. Elle m’ausculte, me dit que c’est surement la thyroïde mais qu’il faudrait faire des examens complémentaires. Appel en urgence au centre de radiologie d »à côté, ils me prennent entre deux RDV pour faire le point. Je reviens la voir avec mes radios. On distingue effectivement, un truc, un « nodule » sur toute la partie droite de ma thyroïde. Elle me donne une seconde pour faire une ponction + échographie, afin d’en déterminer la nature. Déjà, le fait que cela puisse être grave, je commence à stresser.
Mardi. Je me rends au centre d’échographie thyroïdienne à côté de chez moi. (C’est là que j’ai béni mon quartier parisien, particulièrement bien desservi en commerces de proximité et établissements de santé !). On me fait l’échographie puis la ponction : on plante une aiguille très fine dans mon cou, sans anesthésie, pour prélever un peu de nodule. Ça fait très peur mais pas du tout mal. Il faut juste ne pas bouger.
Mardi, quelques heures plus tard. Je retourne chez ma généraliste avec les résultats du centre. Résultat ? Impossible de déterminer la nature du nodule. Solution ? L’opération. Je dois donc me faire enlever toute la partie droite de la thyroïde (car le nodule mesure 3,8cm, donc autant dire qu’ils prend toute la place !). Pendant l’opération, un anatomologiste examinera le nodule et s’il s’avère qu’il y a un risque de cancer (le mot est lancé !), c’est toute la thyroïde qui me sera retirée. En attendant, elle me propose de passer des Fêtes de fin d’années tranquilles, on en reparlera après. Tu parles, difficile d’oublier ça, même avec le champagne !
Janvier 2011. Ma généraliste me donne les coordonnées d’un chirurgien. Je prends RDV à son cabinet. Il m’explique lui aussi la procédure et les risques (notamment au niveau des cordes vocales, même si cela reste très rare). Puis je prends RDV avec l’anesthésiste de la clinique. On m’opère la semaine d’après. J’ai peur.
10 janvier. Je rentre à la clinique. L’opération se passe bien. L’infirmière me dit que, comme je n’ai pas de drain, on n’a pas du me retirer toute la thyroïde mais qu’elle n’en sait pas plus. Le chirurgien doit passer me voir. Il confirme ce qu’elle m’a dit, l’anatomologiste n’a rien trouvé. Je reste quelques jours, le temps de me reposer. J’ai pas mal de visites, tout se passe bien. Je dois quand même prendre du lévothyrox et du calcium et faire des prises de sang pour contrôler tout ça.
14 janvier. Je descend chez mes parents, dans le sud, pour me reposer « à la campagne » et me faire chouchouter. Je suis en arrêt de travail pendant 3 semaines.
15 janvier. Le chirurgien m’appelle. Mauvaise nouvelle : finalement, en étudiant le nodule plus en profondeur, ils ont trouvé des cellules cancéreuses. On doit me réopérer. Soit dans la semaine qui suit, soit dans 3 mois, le temps que la cicatrice se referme bien. Je suis en larmes, j’appelle mes parents. Je prends le train pour Paris le lendemain.
17 janvier. Nouvelle entrée à la clinique, nouvelle opération. On me retire toute la thyroïde (enfin, ce qu’il en restait). J’ai aussi droit à un curetage des ganglions, histoire d’écarter tout risque. J’ai donc droit au drain en sortant du bloc. A mon réveil, j’ai envie de vomir, ma tension chute quand je me lève pour aller aux toilettes. Un kiné vient me voir chaque matin pendant une semaine, pour m’aider à travailler la motricité de mon cou qui ne doit pas rester rigide, malgré les bandages. A ma sortie, le chirurgien me prescrit une crème et me conseille de masser la cicatrice pour que les chairs n’accrochent pas à la peau. Il est prêt à ne pas me facturer la deuxième opération, mais comme j’ai une bonne mutuelle, tout est pris en charge à 100%.
Fin janvier. je suis dirigée vers une endocrinologue, pour le suivi de mon traitement à base de levothyrox. prise de sang hebdomadaires, puis mensuelles. Ma cicatrice vieillit bien, elle ne se voit presque pas, on dirait juste un « pli de cou ». Chéri me parle encore de ses envies de bébé, je commence à y songer.
Février. Echographie de contrôle, le chirurgien a bien travaillé, il ne reste rien du tout. Je dois tout de même faire une scintigraphie sous thyrogène et un traitement à l’iode radioactif pour compléter la procédure. Après, ça je serais plus tranquille. Problème : pénurie nationale (internationale en fait) de Thyrogen. Il faut attendre.
Eté. Je fais part à l’endocrino (qui est aussi gynéco) de mon envie d’avoir un enfant. Jusque là, je n’en voulais pas. C’est Chéri qui en parlait beaucoup. Mais avec les derniers évènements, tout ça, finalement, moi aussi j’en ai envie. Elle me conseille d’attendre la fin de toutes la procédure. Puis encore au moins 6 mois après l’iode radioactif, pour être sure que tout se soit bien éliminé de mon corps et que le futur embryon ne soit pas contaminé. Toujours pas de Thyrogen en vue.
Décembre 2011. Toujours pas de Thyrogen. L’endocrino me propose de faire l’examen en sevrage car je ne veux plus attendre : cela repousse trop le projet bébé qui obsède désormais (la faute à mon esprit de contradiction : comme je ne peux pas avoir ce que je veux maintenant, je le veux encore plus !). J’arrête donc de prendre mon levothyrox pendant 3 semaines. La scintigraphie ne révèle rien, c’est bon signe. Plutôt que les deux cures d’iodes radioactifs prévues, je n’en ai eu qu’une. pendant un mois, j’ai donc mangé sans iode (=sans sel), j’ai perdu 4kg à force de ne cuisiner que des produits frais (plutôt bien). Les autres examens de coutume sont bons. Maintenant, il faut que je patiente pour songer à bébé. Je suis arrêtée jusqu’au nouvel an à cause des effets secondaires du sevrage (fatigue notamment).
Juin 2012. Ça y est, ça fait 6 mois. Mes examens sont toujours bons, les écho de contrôle ne révèlent jamais rien d’anormal. L’endocrino me donne le feu vert, j’arrête la pilule. Je suis tellement pressée que je ne fini même pas la plaquette en cours !
Juin 2013. Je suis ENFIN enceinte ! Dans un autre article, je vous raconterais ce qui s’est passé durant cette année d’attente et sur le déroulement de ma grossesse sous levothyrox.
Bilan de tout ça :
J’ai eu énormément de chance car j‘ai été prise en charge rapidement et par des personnes compétentes, de ma généraliste au chirurgien, en passant par tous les perosnnels soignants avec qui j’ai été en contact durant cette année là. Le cancer de la thyroïde est un cancer qui se soigne très bien, par le retrait de la thyroïde et un traitement à l’iode radioactif, détruisant les éventuelles cellules restantes de thyroïde.
Aujourd’hui, j’ai encore régulièrement des prises de sang à faire, une échographie de contrôle annuelle et tout se passe bien. Je dois bientôt refaire un contrôle sous Thyrogen, pour le principe. J’oublie parfois de prendre mon lévothyrox le matin (avec les filles, c’est souvent la course !), mais je suis en bonne santé et mes bébés aussi. C’est tout ce qui compte !
Et finalement, si je n’étais pas passé par là, qui sait combien de temps encore j’aurais prétendu ne pas me sentir prête pour faire un enfant ?
Tu as été très courageuse! C’est super de pouvoir revenir sur une situation aussi grave et en retirer du positif!
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Quelle histoire… C’est allé très vite et heureusement que tu as vite été prise en charge… Bravo pour ton récit et pour ta force 😉
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Merci ❤
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